Pourquoi mon roman ne se vend pas? – Contenu

Mon précédent article, qui portait sur la distribution, la communication et la vente, t’a peut-être soulagé·e. Cette fois, en revanche, je dois écrire celui de la série qui risque d’être le plus difficile à encaisser pour un·e écrivain·e, et je m’en excuse par avance.

Parfois, un roman ne se vend pas parce qu’il n’est pas assez bon.

Aïe… Je sais, c’est une possibilité qui fait mal. Parce que ça vient nous chercher dans notre passion, parfois dans notre identité.

Au fond, je crois aussi que, si beaucoup d’auteur·ices s’inquiètent (souvent à tort) de leurs compétences en communication, en marketing, etc., c’est parce que c’est moins douloureux que de remettre en question leurs compétences en écriture. Après tout, la comm’, le marketing, la vente, ce n’est pas leur métier. L’écriture… oui.

Avant de développer le sujet, je veux cependant bien insister sur un point : je ne suis pas en train de dire que, si ton roman s’est mal vendu, c’est parce qu’il était mauvais, et je veux que tu fasses très attention avant de tirer toi-même cette conclusion.

Je ne connais pas ta situation ni ton livre. C’est la limite des conseils généraux; ils ne s’appliquent pas à tout le monde. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je propose des services individuels comme l’analyse éditoriale; parce que je ne peux juger qu’un roman que j’ai lu.

Alors, non, je ne prétends pas que les livres qui ne se vendent pas sont forcément mauvais.

D’ailleurs, je vais d’abord m’expliquer un peu sur ce que j’entends par « bon » ou « mauvais » livre, car c’est presque une question philosophique à elle toute seule. Puis je te montrerai en quoi cela peut avoir un impact très réel sur les ventes.

En réalité, quand je parle de « bon » roman, c’est effectivement une façon de parler. Une sorte de raccourci, si tu veux. Je suis en effet persuadée que ce genre de jugement est subjectif. On a toutes et tous un roman préféré que quelqu’un d’autre déteste; et on déteste un roman qui est le préféré de quelqu’un d’autre.

Tous les romans ne vont pas plaire à tout le monde.

Et, en disant cela, on revient sur le marketing. La question n’est pas de vendre notre roman à tout le monde, mais aux personnes qui, à priori, devraient l’aimer. Parce qu’elles aiment ce genre de roman, ou sont sensibles à la thématique ou aux critères que l’on a mis en avant.

Donc, quand je parle de bon roman, ce n’est jamais absolu. Il s’agit plutôt d’un roman qui va plaire au public auquel il est destiné.

Je lis pas mal et je suis plutôt bon public; contrairement à beaucoup de lecteur·ices, je ne suis pas très fidèle aux auteurs, car je suis davantage attirée par la nouveauté. Je télécharge donc facilement des extraits gratuits pour m’aider à choisir ma prochaine lecture…

Et je suis toujours étonnée par le nombre d’entre eux qui me tombent des mains. Le plus souvent, je n’arrive même pas au bout de l’extrait. Et je ne parle même pas ici des romans qui s’avèrent être autre chose que ce que je pensais (la plupart des lecteur·ices n’aiment pas les mauvaises surprises).

Je parle aussi de romans dont je suis objectivement la cible, qui à priori devraient me plaire.

Dans le premier article de la série, j’ai écrit que les lecteur·ices ne pouvaient pas lire le livre avant de l’acheter. Ce n’est en réalité pas tout à fait exact, puisqu’on peut désormais facilement lire le début de tout roman disponible sur Amazon, par exemple, comme je l’ai décrit.

Donc, oui, tu peux perdre des ventes si le contenu de ton livre n’est pas à la hauteur de son marketing.

Deuxièmement, il y a un autre élément extérieur important que j’ai soigneusement passé sous silence jusqu’ici, puisque je le réservais pour cet article-ci : les avis et les recommandations d’autres lecteur·ices.

Et voilà pourquoi le roman lui-même compte énormément, et la fin autant que le début : le début, pour accrocher, donner envie, et la fin pour laisser un sentiment enthousiaste à la personne qui referme le livre et s’apprête à le noter, à en parler dans son groupe de lecture ou sur BookTok. (Et le milieu aussi compte, car, si on décroche au milieu, on n’arrive par définition jamais à la fin.)

C’est vrai qu’on lit un livre après l’avoir acheté… En revanche, on l’achète souvent parce que d’autres l’ont lu avant nous et nous ont convaincu·es de le découvrir. Pour certain·es d’entre nous, ce genre de recommandation a même pas mal plus de poids que la couverture ou le résumé.

On peut d’ailleurs ici faire la distinction entre achat et lecture. Parfois, on achète un livre parce qu’il est en promo, ou parce que l’auteur a réussi à nous persuader de lui donner une chance… Mais, ensuite, on sait ce qui arrive à ces livres-là : ils restent dans notre pile à lire pendant un, deux, trois ans. Alors qu’un roman dont on nous a promis qu’il était excellent, que c’était le livre de l’année, on aura envie de s’y mettre tout de suite, non?

Un·e lecteur·ice qui a lu et aimé ton roman est, d’une part, susceptible de le recommander à son tour, créant ainsi un cercle vertueux… et, d’autre part, d’acheter aussi ton prochain roman. Alors que cellui qui a relégué son achat au fond de sa PAL et l’a déjà oublié… non.

Voilà pourquoi l’emballage et la publicité ne font pas tout, même s’ils sont souvent cruciaux. Voilà pourquoi l’acte d’achat n’est pas tout; encore faut-il que le produit acheté (ici, ton roman) plaise, convainque. Pas seulement une poignée de lecteur·ices bien disposé·es à ton égard, mais toute une partie du lectorat anonyme qui ne te connaît pas, et qui a le choix entre ton roman et cent mille autres. (Oui, c’est difficile. Je compatis.)

Enfin, voilà pourquoi j’ai démarré la Fée éditoriale… Parce que je pense que la diversité est une richesse, parce que j’aimerais que les gens lisent plus d’auteur·ices différent·es, et pas toujours les mêmes bestsellers ultra-connus. Et, pourtant, je suis aussi la première à me réfugier régulièrement auprès de mes « valeurs sûres » à force d’être échaudée.

Maintenant, je veux être très claire : même écrire un roman excellent n’est, hélas, pas une garantie de succès. C’est ce dont je te parle dans mon dernier article de la série, qui traite des causes qui ne dépendent pas de nous… J’y évoque également la question des romans « faibles », voire « mauvais », qui rencontrent malgré tout le succès.

Est-ce que tu crois que ton roman pourrait être meilleur? As-tu obtenu des retours de professionel·les avant de le publier? Mais aussi : est-ce que tu connais bien ton segment de marché, et les critères sur lesquels le lectorat de ton type de roman juge ses lectures?

As-tu aimé cet article? Il s’agit d’une version légèrement remaniée d’une lettre que j’ai envoyée à mes abonné·es en 2023. Si tu aimerais recevoir mes prochaines réflexions dans ta boîte aux lettres, inscris-toi à mon infolettre! (formulaire d’inscription en bas de la page)

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to Top