Tu t’en doutes, il n’y a pas une raison qui explique l’échec d’un roman. Il y en a plusieurs possibles… et, parfois, elles se combinent. Mon but avec ces quatre articles est de te présenter ces diverses raisons, afin de t’aider à diagnostiquer le problème, et donc t’orienter vers la bonne solution.
Dans cette première partie, il est question de tout ce qui concerne « l’emballage », la présentation du produit. C’est ce à quoi l’on pense spontanément lorsqu’on dit « marketing » (même si, en réalité, le marketing recouvre toutes les variables que j’examinerai dans cette série, de la qualité du produit aux goûts du public, en passant par la distribution).
Pour un livre, ça va être : la couverture, le résumé ou « quatrième de couverture », le format (ebook, poche, grand format, relié, audio, etc.) et le prix, essentiellement.
Pourquoi c’est important? Parce qu’un·e lecteur·ice n’achète pas ton roman après l’avoir lu, mais avant; iel est donc contraint·e de se baser sur d’autres éléments qui vont lui donner envie de le lire (ou pas). Et la façon dont le roman se présente en tant que produit en est une grande partie.
Parmi les éléments que j’ai mentionnés, la couverture est le plus important.
Beaucoup trop de romans ne se vendent pas pour la simple raison que leur couverture n’est pas adaptée. Et je n’entends pas par là qu’elle est « laide » ou mal réalisée, nécessairement.
Nous avons tous et toutes vu des livres qui se vendaient très bien malgré des couvertures que nous trouvions médiocres.
C’est parce que la plupart des lecteurs font très bien la différence entre le roman et sa couverture. Le seul fait qu’un auteur soit médiocre à Photoshop ne signifie pas qu’il écrit mal ou que ses histoires sont ennuyeuses. Et cela a encore moins de lien s’il a fait appel à une autre personne pour créer sa couverture.
Sans oublier que… les autres ont des goûts différents des nôtres. Ce n’est pas parce que ça ne te plaît pas que ça ne plaît à personne. (J’en veux pour preuve les couvertures avec des torses d’homme en romance, souvent décriées, et qui ont pourtant pullulé pendant des années… parce que la majorité du public visé les aimait, et achetait les livres qui en avaient.)
Une couverture fonctionne tant qu’elle réussit à transmettre le contenu du livre aux personnes qui recherchent et apprécient ce contenu.
Lorsque j’ai débuté dans l’édition, j’ai commis une erreur fondamentale : j’ai fait confiance à des graphistes et des illustratrices professionnelles pour créer nos couvertures, m’imaginant à tort qu’elles sauraient forcément mieux faire le travail que moi, qui n’avais aucune expérience ni connaissance formelle dans le domaine.
Mon erreur a été de placer la compétence technique au-dessus des considérations marketing. Ces graphistes et illustratrices ne connaissaient pas le marché. Et nos premières parutions n’eurent pas du tout le succès que j’espérais.
Alors, je me suis improvisée graphiste. Je n’étais pas très douée, et toutes les couvertures que j’ai réalisées n’auraient clairement pas bien rendu en impression (mais en petite vignette sur un écran, ça passe!). En revanche, j’avais une vision claire de ce à quoi le marché s’attendait, et cela a fait toute la différence.
J’avais publié un long récit en deux tomes, dont le premier n’a jamais dépassé les 50 ventes numériques. J’ai donc décidé de lui donner une seconde chance en le publiant sous forme d’intégrale, les deux tomes réunis. J’ai bricolé une couverture extrêmement simple, en une heure ou deux maximum.
Cette intégrale a atteint les mille ventes dans les six premiers mois suivant sa parution.
Un autre roman dont les ventes plafonnaient autour des 150 a dépassé les 2000 ventes lorsque j’ai changé sa couverture — et son titre.
Attention : changer la couverture d’un roman déjà publié ne suffit pas à booster ses ventes. Dans les deux cas, il s’agissait d’une réédition sous un nouvel ISBN. Cela tient au fonctionnement de l’algorithme d’Amazon, que j’explique dans cet autre article.
Et, pour te donner un dernier exemple qui ne concerne pas la couverture : j’ai triplé les ventes d’un ancien titre qui ne se vendait plus, en lui ajoutant simplement un sous-titre qui précisait le sous-genre/trope de l’histoire (encore une fois, en le rééditant, car l’autrice avait remanié et allongé le texte; mais nous avons gardé la couverture).
Par chance, le marché s’est beaucoup développé depuis, et les services aux auteur·ices aussi. Tu n’es plus livré·e à toi-même, tu peux trouver assez facilement des graphistes pro spécialisé·es dans les couvertures de roman, et même dans celles des romans de ton genre littéraire.
En principe, elles ont l’œil sur l’aspect marketing… Mais, dans ce cas, il faut aussi que tu acceptes de modifier ta vision et de leur faire confiance. En fait, d’une manière générale, je te conseille de bien étudier les portfolios des graphistes, et d’en choisir un·e qui réalise déjà le genre de couverture que tu souhaites pour ton roman.
Si tu vises l’édition traditionnelle, tu vas devoir faire confiance à ta maison d’édition… Mais rien ne t’empêche de sélectionner cette dernière sur ce critère : à quoi ressemblent les couvertures de leur romans? Sont-elles réalisées par un·e pro, donnent-elles envie d’acheter les livres, ont-elle du succès auprès de leur lectorat cible?
N’hésite pas à commenter pour me dire si tu as déjà rencontré ce problème, ou si tu crois en être victime. T’a-t-on fait des retours comme quoi la couverture de ton roman, son titre ou son résumé ne véhiculaient pas son contenu assez clairement, ou bien ne correspondaient pas aux codes attendus?
As-tu aimé cet article? Il s’agit d’une version légèrement remaniée d’une lettre que j’ai envoyée à mes abonné·es en 2023. Si tu aimerais recevoir mes prochaines réflexions dans ta boîte aux lettres, inscris-toi à mon infolettre! (formulaire d’inscription en bas de la page)
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